NE
PAS CONFONDRE LES PUBLICS RELEVANT DE l’ILLETTRISME DU PUBLIC RELEVANT DE
l’ALPHABETISATION ET DU FRANÇAIS LANGUE ETRANGERE
Situations
des Publics |
Caractéristiques |
Français Langue étrangère | Non francophone, ayant un bon niveau de scolarité dans le pays d'origine. |
Illettrisme | Scolarisation en
France ou en langue française Non maîtrise de la lecture et/ou de l'écriture Echec scolaire |
Analphabétisme | Peu ou pas scolarisé
dans le pays d'origine Non maîtrise de la lecture et/ou de l'écriture et/ou de l'oral d'une langue étrangère. |
Les différents niveaux d'illettrisme
Niveaux |
Caractéristiques |
N1 | les personnes ne savent pas lire |
N2 | les personnes savent lire mais sont en incapacité de produire un écrit compréhensible |
N3 | les personnes savent lire et produire des écrits compréhensibles mais avec de très nombreuses erreurs. |
Qu’entend-on par ILLETTRISME ?
La
difficulté de donner une définition opératoire
La notion d’illettrisme
est une notion récente et complexe. Elle n’est officiellement utilisée que
depuis les années 1980. A cette période, l’Unesco fit le constat que « plusieurs
générations, après la génération de l’école obligatoire, n’avaient pas l’usage
de l’écrit ». On parla alors de 20 % de la population en difficulté avec
la maîtrise de la lecture et de l’écriture.
Alors que,jusqu’à
cette date, on ne parlait que d’analphabétisme, pour évoquer celui qui ne
savait ni lire ni écrire à cause d’un manque de scolarisation, on prit conscience
de la complexité du problème : malgré l’école, une partie de la population
s’avère être inapte en lecture.
A partir de
la, nombre d’experts s’essayèrent à définir la notion. Mais les définitions
évoluent selon les acteurs ou les périodes. Malgré toutes ces divergences,
chacun s’accorde à distinguer l’illettrisme et l’analphabétisme. La notion
d’illettrisme vint alors compléter celle d’analphabétisme qui caractérisera
les personnes n’ayant jamais été scolarisés et qui n’ont jamais été confrontées
à l’enseignement d’aucun code écrit.
Ces difficultés
de définition de l’illettrisme sont sans doute à mettre en relation avec l’impossibilité
de définir une catégorie type appelée : « illettré ». en effet,
on peut remarquer qu’il n’existe pas de profil type de l’illettré, mais des
profils divers. Le seul point commun qui les réunit est leur faible niveau
de scolarisation qui apparaît comme une entrave pour accéder à des cursus
de formation qualifiante. A partir de là, on peut discerner de nombreuses
variantes, toutes les personnes ne rencontrent pas les mêmes difficultés.
En effet, l’écart est grand entre la personne qui rencontre des difficultés
dans le déchiffrage des mots et celle qui est en capacité de lire un texte
court et de le comprendre. La définition recouvre donc une réalité multiple.
C’est pourquoi, une classification par niveau est utilisée par les organismes
de formation afin d’aider le formateur dans son travail pédagogique. dans
notre région, le référentiel linguistique de base propose aux opérateurs une
base de classification. Ainsi, il distingue l’illettrisme de l’analphabétisme
et à partir de là propose une répartition par niveau, pour chacune des catégories.
En ce qui concerne
la typologie des publics, elle est également très variée. On trouve des hommes,
des femmes, des jeunes ou des adultes, des salariés comme des demandeurs d’emploi,
des détenus.. il apparaît impossible alors de définir une catégorie type des
personnes concernées par l’illettrisme. Le meilleur moyen pour connaître ce
public et ses difficultés, n’est-il pas d’aller à sa rencontre ?
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A retenir la définition du
Groupe Permanent de Lutte contre
l’Illettrisme qui est la plus couramment utilisée :
« on considère
comme relevant de situation d’illettrisme des personnes de plus de 16 ans,
ayant été scolarisés et ne maîtrisant pas suffisamment l’écrit pour faire
face aux exigences minimales requises dans leur vie professionnelle, sociale
et culturelle. Ces personnes qui ont été alphabétisées dans le cadre de l’école,
sont sorties du système scolaire en ayant peu ou mal acquis les savoirs premiers
pour des raisons sociales, culturelles et personnelles et n’ont pu user de
ces savoirs et/ou n’ont jamais acquis le goût de cet usage. Il s’agit d’hommes
et de femmes pour lesquels le rapport à l’écrit n’est ni immédiat, ni spontané,
ni facile et qui évitent ou appréhendent ce moyen de communication. »
Cette définition a l’avantage de rester relativement générale.
Le mot « illettrisme » est actuellement sujet à controverse. On
lui reproche de « stigmatiser » le public. Le mot est alors réservé
au champ des sciences sociales. Dans le secteur de la formation permanente,
on parlera à présent de non maîtrise des savoirs de base. Ainsi, dans son
cahier des charges pour les SIFE, la DDTEFP stipulera « nous préconisons
dorénavant l’appellation « Maîtrise des savoirs de base «
pour éviter une stigmatisation du public ». Ce changement d’appellation
montre, par ailleurs, la volonté des acteurs engagés dans « la lutte
contre l’illettrisme », d’intégrer ces actions dans le champ général
de la formation professionnelle continue. Ce choix sous-entend également la
détermination d’améliorer en qualité ces différentes actions, ce qui va de
paire avec une professionnalisation des acteurs et une démarche d’ingénierie
active. (mémoire Corinne GOSSET)
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« L’Illettrisme
de Véronique Espérandieu et Jean Vogler
« un
premier courant consiste à rechercher les causes des difficultés d’apprentissage
chez l’enfant. Des travaux dans le domaine médical ont d’abord invoqué des
troubles congénitaux ou accidentels qui affectent le cerveau. La notion de
« dyslexie » est apparue dans le contexte et la recherche, notamment
en neurologie, est active en ce domaine. d’autres études, menées par des psychologues,
ont mis en cause des dysfonctionnements cognitifs qui affectent par exemple
l’intelligence, la perception, la mémoire à court terme, la conscience phonique,
l’attention, les rythmes de travail… de leur côté, des psychologues cliniciens
et des psychiatres ont insisté sur le rôle des composantes affectives, de
l’interaction entre l’enfant et son environnement familial. Cette dernière
approche mène à un second courant qui met en cause les infériorités, les insuffisances
et les déficiences du milieu familial : les pratiques linguistiques et
les déficiences du milieu familial : les pratiques linguistiques et culturelles
de la famille, le modèle éducatif qu’elle fournit volontairement ou involontairement
à l’enfant ne lui permettraient pas de se développer harmonieusement. C’est
ce que l’on a appelé le « handicap socioculturel ».
un
troisième courant, issu de la sociologie, tient l’organisation de la société
elle-même et le fonctionnement de l’école qu’elle génère pour responsable
de l’échec scolaire. Celle-ci reproduirait les inégalités sociales par réussite
et l’échec des élèves. Elle serait le médium de la culture dominante, rejetant
ainsi ceux qui ne pourraient pas l’intégrer.
Jacques
Fijalkow, professeur de psychologie spécialiste de la lecture, a procédé à
une revue critique de ces différents courants explicatifs. Il conclut qu’aucun
d’entre eux ne suffit à rendre compte de l’échec scolaire. C’est plutôt la
combinaison de tous ces facteurs qu’il convient de considérer. Les deux enquêtes
précédemment évoquées, ainsi que les portraits des personnes en situation
d’illettrisme, mettent en évidence un cumul de ces handicaps, selon des combinaisons
chaque fois singulières : milieu social « défavorisé », histoire
familiale mal vécue, relations houleuses avec l’école, difficultés dans les
apprentissages. Bref, lorsque l’échec scolaire est sévère – et qu’il a donc
toutes les chances d’entraîner une situation d’illettrisme -, il s’explique
par un effet cumulé des causes qui viennent d’être rappelées.